À l’occasion de l’annonce des nominations des César 2023, Road to Cinema met en lumière un court-métrage audacieux, « T’es Morte Hélène » qui s’attèle au cinéma de genre. Rencontre avec son réalisateur Michiel Blanchart.
Le saviez-vous ? Chaque année, l’Académie des César constitue un Comité Court Métrage Fiction en charge de choisir les films en Sélections Officielles. 24 court-métrages de fiction sont ainsi sélectionnés par ce comité. Une belle initiative qui permet de mettre en avant les réalisateurs de demain.
Rencontre avec Michiel Blanchart
Bonjour Michiel ! Votre film « T’es Morte Hélène » est sélectionné dans la liste des courts-métrages des César. Félicitations, c’est un très beau coup de projection ! Quelle a été votre réaction lors de cette annonce ?
Les César ça fait rêver. C’est la vitrine du cinéma français. Donc quand on apprend qu’on a la chance de peut-être passer de l’arrière-boutique à la vitrine du magasin ça fait plaisir c’est sûr ! Mais les César pour moi ça me rappelle surtout l’enfance, c’est une cérémonie que je regardais petit avec mes parents (j’étais plus intéressé par ça que par le dernier match de foot…). Donc les César c’est aussi une façon de dire à ses parents « Vous voyez ! C’était pas une blague quand je disais que j’allais faire des films ! ».
Quelle est la genèse de « T’es Morte Hélène » ?
Une période où j’avais envie de parler de mélancolie amoureuse et puis finalement c’est bien plus tard, avec plus de recul que j’ai écrit et réalisé le film dans un contexte beaucoup plus joyeux ! Et je pense que ça se ressent dans le film. C’est un film qui parle de choses sombres et douloureuses mais qui reste pourtant très lumineux.
Aujourd’hui, le cinéma francophone possède très peu de films d’horreur. Selon vous, pourquoi ?
Je ne suis pas expert sur la question de l’état du cinéma français. Historiquement, il me semble que le cinéma de genre avait une belle place dans le cinéma français entre les années 40 et 60… Ce qui n’est plus le cas. Je dirais que le cinéma de genre a été accaparé par les Anglo-saxons qui sont devenus les rois du film de genre à grand spectacle. Et il devient difficile d’être compétitif en France car ce cinéma-là coûte cher !
Je pense qu’aujourd’hui il est difficile de trouver un marché pour le cinéma de genre francophone à petit budget. Les spectateurs s’en méfient. Et puis j’imagine que c’est le serpent qui se mord la queue.
Mais pour finir sur une note d’espoir, on sent bien que le vent tourne à nouveau et que les mentalités changent.
Et vous, quelles sont vos influences au cinéma ?
J’aime le mélange. Je pense que je suis malgré tout fortement inspiré par le cinéma américain (notamment de genre). Mais dans mon travail j’ai envie de tout mélanger ! J’aime évidemment l’aspect populaire et généreux du cinéma hollywoodien.
Où avez-vous appris à faire du cinéma ?
J’ai fait une école de cinéma, l’IAD, en Belgique, où j’ai appris énormément surtout grâce aux rencontres avec des camarades et des professeurs inspirants, mais je filme des choses depuis que j’ai 7 ans. J’ai toujours rêvé de faire du cinéma. De toute façon on arrête jamais d’apprendre, c’est donc difficile de répondre…
Je dirais que j’ai commencé à apprendre enfant en passant des heures devant ma télévision, à revoir en boucle mes films préférés (comme on peut réécouter les musiques qui nous obsèdent) puis avec une caméra dans les mains, puis en école de cinéma et maintenant sur les plateaux de tournage.
Mais tout commence par regarder des films, et ça pourrait difficilement en être autrement. Et c’est peut-être ça qui reste le plus important :
Il parait que ce court-métrage va être adapté en long, c’est vrai ?
Oui, c’est vrai ! Sans trop en dire, on est en train de développer le projet en ce moment même avec nos associés aux États-Unis. Le film est coproduit par Sam Raimi, dont je suis un grand fan depuis mon enfance (Spider-man étant ma première expérience de cinéma) et nous sommes actuellement en train d’écrire le scénario en collaboration avec une scénariste américaine !