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BEETLEJUICE BEETLEJUICE, TIM BURTON D’ENTRE LES MORTS

C’est officiel : Tim Burton est revenu. Après des années au service de blockbusters de commande (coucou Disney), le réalisateur nous semblait être devenu le fossoyeur de son propre art. Il aura fallu un retour aux sources et une rencontre pour redonner au plus gothique des cinéastes américains un coup de fouet salutaire. Près de 35 ans après l’original, Burton livre avec cette suite de son film culte un train fantôme où on le sent plus libre que jamais.

The juice is loose !

On n’attendait pas grand-chose de cette suite longtemps évoquée, reportée, perdue dans le development hell de Beetlejuice, premier grand succès de Tim Burton, comédie macabre qui avait définitivement établi le ton d’un cinéaste à la patte graphique unique dans le cinéma Hollywoodien.

Force était de constater qu’on avait perdu Tim Burton depuis de nombreuses années, à un point de non-retour que beaucoup plaçait au moment de sa collaboration avec Disney, et son Alice au Pays des Merveilles à l’indigence numérique traumatisante. Le réalisateur le reconnait lui-même, cette période a été celle d’un grand doute, voire d’un grand vide artistique, qui s’est inévitablement ressenti. Beetlejuice Beetlejuice arrive dans ce contexte à point nommé, avec un retour à un projet dans un univers bien plus personnel… Où Tim Burton s’amuse comme un petit fou.

Comme souvent chez le cinéaste, Beetlejuice Beetlejuice est avant tout un film d’univers, où le spectateur est invité à découvrir un tout nouveau monde enveloppé dans une direction artistique unique, aussi gothique d’enfantine, à l’image de son créateur. Et pour donner vie au fameux monde de « l’après vie », Tim Burton déploie des trésors de créativité, mélangeant les techniques, avec un festival d’animatroniques et de décors « en dur » qu’il prend un plaisir communicatif à filmer. Ce retour à un cinéma plus organique, à une échelle artisanale, s’accompagne en parallèle d’une maitrise technique, notamment en matière de cadre et de découpage, qu’on ne pensait pas revoir chez le réalisateur.

Un casting choral, pour une comédie intergénérationnelle

Dans cet écrin plus que séduisant brille un casting qui se régale tout autant que le spectateur. Impossible de ne pas commencer par le cabotineur en chef de ce grand freak show : Michael Keaton réendosse le costume rayé du diablotin Beetlejuice comme s’il ne l’avait jamais quitté. Le personnage est toujours aussi détestable, lâche, drôle, et provocateur. Et contrairement au premier film, où ses apparitions étaient finalement limitées, il est ici beaucoup plus central et, osons le dire, peut-être même bien mieux employé.

Burton invoque évidemment les stars du casting original, Winona Ryder en tête, et l’agrémente de « petits nouveaux » qui se fondent comme une évidence dans l’univers de Beetlejuice : Jenna Ortega, Justin Theroux et surtout un Willem Dafoe au personnage absolument hilarant. Le duo Ortega/Rider fait des étincelles, et alimente l’intrigue avec un enjeu que les fans de Wednesday risque de voir arriver à quelques kilomètres à la ronde.

Cette galerie de véritables gueules de cinéma fascinantes ont malheureusement bien du mal à tous trouver leur place dans un film de moins de deux heures, où le scénario bazardera à plus d’une reprise les enjeux d’un protagoniste, de manière parfois frustrante. Surtout qu’un dernier personnage, presque exogène au film, semble prendre beaucoup de place.

Monica et Tim, la dolce vita

C’est évidemment l’évènement derrière l’évènement qu’est en soi la sortie de Beetlejuice Beetlejuice : l’idylle entre Monica Bellucci et Tim Burton. Aussitôt officialisée, l’actrice était dans la foulée annoncée dans cette suite. Et on peut dire que Bellucci fait une entrée plus que tonitruante dans le cinéma de son nouveau compagnon : c’est probablement la meilleure scène du film, véritable déclaration d’amour – forcément macabre – du réalisateur à sa nouvelle muse.

Monica Bellucci vole littéralement chaque scène où elle apparait, et son arrivée dans l’univers de Burton sonne comme une évidence, réincarnation graphique de l’épouse de Frankenstein, dans un hommage appuyé aux monstres Universal. Encore une fois, le problème de son personnage est lié à un scénario sursaturé qui a le plus grand mal à faire exister ce personnage, qui évolue constamment en parallèle de l’intrigue principale.

Mais malgré quelques scories vite oubliées, gageons que ce retour dans une forme mortelle de Tim Burton réjouira enfin ses plus grands fans et, pourquoi pas, une nouvelle génération !

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