Afin de s’intéresser à tous les métiers de l’audiovisuel, nous voulons partager les témoignages des personnes qui travaillent dans la musique. Les réalisateurs racontent leurs histoires en images ? Eh bien les musiciens racontent les leurs en son. L’un des postes clés d’un projet, le mariage du son et de l’image procure à chaque fois des moments plus riches en émotion.
Cette semaine, nous vous présentons un nouvel adepte de la minimal/microhouse, Antoine Lemoine Belmont, alias Lemoan. DJ et entrepreneur de 25 ans, il est originaire de Guadeloupe et vit à Paris. Faisant partie du label Reshuffle Music et du collectif Entente Nocturne, il nous partage son expérience du monde la nuit.
Comment as-tu découvert la minimal/microhouse ?
Bonne question ! C’était il y a longtemps, je me rappelle que la première fois je n’avais pas du tout accroché jusqu’au jour où Rhadoo et Cabanne m’ont donné une leçon à la Concrète. Quoi qu’il en soit, c’est plus trop dans la veine de ce que je joue aujourd’hui.
Comment définirais-tu ce style ?
C’est compliqué de définir ce style. Je dirais que c’est de la minimal avec des influences house. En ce moment c’est la mode de mettre ce mot sur tout et n’importe quoi !
Pour moi la microhouse c’est avant tout un mouvement, c’est-à-dire une tendance dans la minimal sans pour autant que ce soit un style à proprement parlé.
Depuis quand fais-tu de la musique et comment as-tu appris ?
Je fais de la musique depuis toujours, et tous les styles. J’aurais adoré jouer d’un instrument mais j’avais d’autres priorités d’adolescent; un gros regret que je dois admettre. Sinon pour les logiciels, j’utilise les grands classiques comme Ableton, Logic Pro, et un peu Audacity pour l’enregistrement. Pour l’apprentissage au niveau mix, j’ai appris au lycée grâce à un pote qui était champion de France DJ junior. J’allais chez lui pour apprendre car il avait des platines.
Concernant la production, je suis encore un bon novice ! J’essaie de trouver des sources d’inspiration, et j’apprends de mes amis, qui eux, sont plus que compétents comme JL., Marius, MoHia, Les Frères Pétards, Liam Fattori ou Alec Falconer.
Qu’as-tu envie de raconter lorsque tu joues?
Franchement, ça dépend de mon mood mais en général j’essaie de construire une histoire en variant les styles, les vitesses et l’intensité. Enchainer les tracks c’est facile, mais construire un set c’est différent, et c’est là qu’on reconnaît les bons DJs.
Racontes nous ton 1er gig et ton meilleur souvenir de DJ ?
Mon premier gig était dans la forêt de Compiègne pour les soirée secrètes «Tribu Cachée». C’était vraiment cool, j’en garde un très bon souvenir. Mais mon meilleur souvenir de DJ, c’est sans hésitation le festival O MATO au Brésil. C’était vraiment quelque chose d’unique ! Je vous invite à regarder de plus près ce qu’ils font, c’est génial !
Quelles sont tes références musicales et tes artistes préférés ?
Alors là, j’en ai plein ! Je ne sais même pas par où commencer. Eddy Mitchell ? Grand Master Flash ? Daniel Balavoine ? Miles Davis ?
Dans notre style, je dirais Zip, Fumiya Tanaka, Ricardo Villalobos, Nicolas Lutz, Rhadoo, Juan Atkins, Derrick May, Dj Godfather, Dj Koolt, ou encore dans un registre différent Melina Serser.
Localement parlant, mes colocs sont une grande source d’inspiration musicale pour moi. Ils m’ont fait découvrir tellement de choses. Il y a aussi des labels qui sont des références pour moi comme Ninja Cut, Pussycat Records, Trelik, Beyond et Waveform Records.
Peux-tu nous parler de ton label Reshuffle Music ?
Reshuffle Music est avant tout une grande famille de potes, tous passionnés par la musique et la fête. Le collectif regroupe :
- 6 DJs : MOHIA, JL., RULEN, TINMAR, JULZY, LEMOAN
- un graphiste : Bertrand aka le stagiaire
- un électron libre : André Rios, parti vivre au Brésil et qui nous manque un peu d’ailleurs.
Cela va faire bientôt 5 ans qu’on évolue sur Paris en organisant des soirées pour y inviter nos artistes du moments et se retrouver tous ensemble.
Aujourd’hui, l’heure est plus à la création artistique avec notamment un label à venir.
Peux-tu nous parler du collectif Entente Nocturne ?
Entente nocturne est un projet associatif en lien avec plusieurs collectifs. Une sorte de collectif de collectifs. L’idée est de proposer des évènements différents où le plateau artistique ne serait pas la seule raison de venir. Nous souhaitons transmettre notre amour de la musique et nos valeurs de la fête à notre public le plus fidèlement possible.
Quelles difficultés as-tu rencontré pour la création du label et/ou du collectif ?
Dans ce genre de projet, je dirais que c’est l’humain qui est le plus dur à gérer. Après, il y a les démarches administratives et les papiers bien sûr, qui sont d’autres difficultés que nous rencontrons fréquemment.
Que penses-tu du lien entre la musique et l’image/visuel ? Est-ce important dans ton domaine d’illustrer tes sets/soirées ?
Je suis favorable à toute démarche artistique, donc oui les visuels sont importants ! Ca va de pair on va dire.
A qui faites-vous appel pour la création de vos visuels ?
Cela dépend, mais en général on passe par nos graphistes préférées qui sont Mariana Zb et Claire Ln. Merci à elles pour leur travail. Mon grand copain Jules aka JL. nous file des coups de main aussi pour la vidéo.
Penses-tu que les vidéos sont indispensables pour faire connaître les soirées et les artistes ?
À la base non, mais il faut vivre avec le reach Facebook et son temps, donc oui, cela devient de plus en plus indispensable. Mais de base, je suis ne suis pas un grand fan.
Quelle est l’importance des réseaux sociaux dans ton domaine ?
Malheureusement, ils sont d’une importance capitale ! C’est une vitrine qui te permet de te faire connaître et de créer l’image que tu souhaites véhiculer.
Que penses-tu des lives diffusés sur les réseaux sociaux ?
Ce n’est que mon avis personnel mais je trouve que les lives sont sans intérêt. C’est complètement contre les valeurs de la musique électronique avec des impacts négatifs.
Penses-tu qu’un clip, sur de la minimal/microhouse, d’une durée de plus de 10 minutes pourrait intéresser les adeptes de ce style de musique ?
Oui, je pense qu’un clip pourrait intéresser les adeptes. Tout dépend de la musique et de la qualité du clip.
Quels sont tes projets pour 2020 ?
Mes projets pour 2020 sont mon label Comic’s Trip Records, mon système son, la création de pleins de nouveaux disques et d’un 1er EP. Soyons fous !