Afin de s’intéresser à tous les métiers de l’audiovisuel, nous voulons partager les témoignages des personnes qui travaillent dans la musique. Les réalisateurs racontent leurs histoires en images ? Eh bien les musiciens racontent les leurs en son. L’un des postes clés d’un projet, le mariage du son et de l’image procure à chaque fois des moments plus riches en émotion.
Nous sommes allées à la rencontre de l’artiste Dipsy Crispy, 24 ans, originaire de Bordeaux, et qui vit désormais à Paris. Musicien depuis l’âge de 9 ans, il fait parti aujourd’hui de la grande famille de la microhouse.
Comment as-tu découvert la techno/micro/house ?
J’ai découvert la microhouse lors d’un after party du Sonus festival en Croatie en 2016.
Comment définirais-tu ce style ?
C’est une musique qui convient bien au format de fête étendue, et notamment aux after party par son beat lent et répétitif. Ça permet d’emmener tout le monde très loin et faire perdre les notions d’espace et de temps.
Depuis quand fais-tu de la musique ?
Je fais de la guitare depuis l’âge de 9 ans et je mixe depuis mes 15 ans. J’ai commencé à produire un peu plus sérieusement avec un pote, Rémy; nous nous sommes appelés The Warmers.
Comment as-tu appris à faire de la musique ?
J’ai appris la guitare en prenant des cours de musique plus jeune. Pour ce qui est de la partie DJ, je n’ai jamais pris de cours; je pense que c’est 100% de la pratique ! Prendre des leçons pour apprendre à mixer est une énorme bêtise. Vous pouvez apprendre l’essentiel avec votre entourage qui mixe aussi. Pour la production, il faut beaucoup d’échanges de bonne pratique et des tutos.
Quels sentiments éprouves-tu lorsque tu joues ?
Le fait de jouer devant un public me procure beaucoup de plaisir mais également du stress. Je suis surtout dans la recherche du partage d’émotions ! J’aime avoir une certaine connexion avec le public. Je pense qu’il est nécessaire d’être à l’écoute du public tout en gardant sa sélection d’origine. Le problème avec ce type de musique, auquel une bonne partie de la scène techno n’est pas habituée, est qu’il peut être perçu comme «trop mou». Il faut donc s’adapter au public !
Quelles sont tes références musicales ?
Je suis énormément inspiré par différents styles de musique qui ont jalonné ma vie, à savoir le rap, le rock, le blues, la Dub et le jazz. Ce dernier prend de plus en plus une part importante car c’est de loin le style le plus utile pour comprendre la formation de la minimal. Au niveau artistes pour nettoyer les oreilles de temps en temps : Miles Davis, James Brown, Dave Brubeck, John Coltrane, Lee Morgan, Dusty Springfield, The Stone Roses, The Beanuts, Earth wind & Fire, Paul Kalkbrenner, Eric Clapton, Jimmy Hendrix , Ella Fitzgerald, A tribe called a quest, Canned heat, Souls of mischief ou encore Tobe Nwigwe. La liste est longue mais ceux-là ne bougent jamais de ma playlist.
Qui sont tes artistes préférés ?
Je n’ai pas de préférence; je pense que ça fonctionne par période. En ce moment je suis très fan des productions de Mihigh, Direkt, Sakdat & Balaur, Barac, Balthazar, R.hitect, Vid, Dragomir, Giash, Dragutesku, Amorf, Zenk, RQZ, Herck, G76, Afriqua, tINI et bien sûr nos frenchy Varhat , Janeret ou encore Lamache.
Peux-tu nous parler de The Warmers ?
The Warmers est simplement notre nom de scène, que nous avons choisi avec Rémy il a 4 – 5 ans. Nous avons décidé d’arrêter de jouer séparément; jouer à 2 devant un public est beaucoup plus challengeant, tout en gardant la même vision musicale.
Racontes nous ton 1er et meilleur gig ?
Mon premier gig, je mixais en rave à 16 ans sur un soundsystem dont je faisais parti et qui m’est toujours très cher. J’ai grandi avec toutes ces personnes : BDB sound. Mais à l’époque je jouais essentiellement de l’acid techno et j’ai pu partager la scène avec des artistes tels que Dave the drummer ou Sterling Moss.
Tous mes gig sont de bons souvenirs, même si certains était plus compliqués. Je pense que j’ai commencé à réaliser l’amour du mixe quand on a commencé à nous confier des sets de plus 6h au Redgate, aujourd’hui le Parallel à Bordeaux.
Qu’as-tu envie de raconter lorsque tu joues ?
Quand je joue, ma priorité numero 1 est de voir le public danser sans avoir recours à des stupéfiants. En général l’idée principale est de plonger le public dans une ambiance after party et faire grimper la température petit à petit sans brusquer. Il faut que ça dure !
Que penses-tu du lien entre la musique et l’image/visuel ? Est-ce important dans ton domaine d’illustrer tes sets et soirées ?
J’ai toujours rêvé d’avoir des visuels en corrélation avec notre musique afin de faire vivre une expérience complète au public. Il nous est arrivé de jouer avec de beaux mappings, et clairement ça fait la différence. On sent le public plus réceptif.
Quelle est l’importance des réseaux sociaux dans ton domaine ?
Les réseaux sociaux sont indispensables dans ce milieu où tout le monde est DJ à son échelle. Il faut réfléchir à ses contenus, c’est-à-dire ne pas trop saoûler les gens avec les dates ou les vidéos de soirées. Il faut montrer un peu qui on est, mais pas trop pour conserver un peu d’intimité dans ce monde régit par des smartphones.
Que penses-tu des lives diffusés sur les réseaux sociaux ?
Je pense que ce genre de lives permet de faire un peu de communication, et de permettre à ceux ne voulant pas aller en club de profiter de ce style de musique. Cependant, je ne suis pas très fan de ce genre de vidéos car ça devient vite lassant, et d’un point de vue musical, je trouve qu’on perd souvent en qualité.
Penses-tu qu’un clip, sur de la microhouse, d’une durée de plus de 10 minutes pourrait intéresser les adeptes de ce style de musique ?
Je pense que cela peut intéresser une partie des adeptes. Il faut pour cela que ce soit bien monté pour ne pas paraître trop lassant.
Quels sont tes projets pour 2020 ?
En 2020, nous sortirons notre 1 er EP vinyl avec un remixer que nous admirons. Il devrait être disponible dans le courant de l’été, sous notre propre label Nanosphere.