Présenté en ouverture du Champs Elysées Film Festival, Primitifs, ou Sasquatch Sunset en VO est une comédie surprenante, ouvertement trash et décalée qui prend un malin plaisir à analyser les relations familiales d’une créature bien connue de la mythologie américaine. Et si derrière les touffes de poil se cachaient des défauts bien humains ?
« Ever you get it or you don’t get it”, ou « Soit vous comprenez, soit vous ne comprenez pas », en VF : les frères Zellner, réalisateurs de Primitifs, ont annoncé la couleur dès la présentation de leur nouveau métrage. Durant 1h30, les réalisateurs vont nous dépeindre le quotidien de ces créatures, à la manière d’un documentaire animalier qui choisirait de ne rien nous épargner : copulation, vomi et tripes sont au programme. Mais si les instincts bestiaux des Bigfoot n’étaient pas si éloignés des nôtres ?
Dès l’ouverture et une scène de sexe bigfootienne surprenante, cette comédie simienne déroute et amuse son spectateur. Le ton est donné : entre deux saillies burlesques voire parfois scatophile, les Zellner vont nous parler du couple, des relations intrafamiliales et aussi (beaucoup) de masculinité toxique. Quand les personnages masculins joués par Jesse Eisenberg et Nathan Zellner sont ouvertement grotesques, dominés par leurs désirs et pulsions, le personnage de Riley Keough incarne une féminité tranquille et maternelle. Les Zellner l’assument : All (Men) Bigfoot are trash. Ce constat posé, ils prendront dès lors un malin plaisir à tranquillement infliger à leurs personnages masculins les pires supplices.
Ce qui n’aurait pu être qu’une comédie (entièrement muette) aux scènes burlesques surprend finalement par sa description d’une nature digne d’un jardin d’Eden, perturbée ci et là par la rare présence humaine (hilarante scène de la découverte par la petite famille à poil d’une route au milieu de la forêt), magnifiée par une photographie qui tire parfaitement partie des décors réels de la forêt Californienne.
« Primitifs » est donc une entrée en matière plus que courageuse pour le Champs Elysée Film Festival, « but if you get it » cette chronique familiale déroutante pourrait bien vous séduire.