INTERVIEW. A l’occasion de la sortie de son premier recueil de poésie Le dérèglement joyeux de la métrique amoureuse aux éditions Iconopop, le musicien, auteur, poète, réalisateur, Mathias Malzieu répond aux questions de Clémentine Abadie dans une interview portrait entièrement dédiée à Road to Cinema.
Dans cette interview, Mathias et Clémentine échangent sur les histoires, les comptes et l’imagination. Comment une histoire se fabrique t’elle ? Pourquoi est-ce si important de continuer à en raconter ? Quelle relation y a-t-il entre le réalité et la fiction ? Comment passe-t-on d’un côté à un autre lorsque l’on est auteur ?
Grâce à ses expériences passées, liées à son combat contre la maladie et ses oeuvres cinématographiques et littéraires, Mathias tente de répondre à ces problématiques et nous parle à coeur ouvert de ses moments de vie qu’il a passé à osciller entre la frontière de la réalité et celle de la fiction.
Mathias Malzieu, le généreux et poétique raconteur d’histoire
Des contes et des univers parallèles
Les histoires sont si importantes pour Mathias qu’il imagine même les poèmes, les chansons, les lettres, que ses personnages auraient pu écrire. Il fait partie de ces rares réalisateurs qui fabriquent des univers parallèles tout en entier. Alors même que son public ne les découvrira sans doute jamais dans son intégralité.
Mathias Malzieu se définit comme surprisier. C’est ce que l’on peut apercevoir sur la bio de son compte Instagram. Et il a bien raison. Lorsque l’on comprend la définition de ce terme tout devient plus claire.
Ces individus, les fameux surprisiers émerveillent et étonnent leur spectateurs grâce à leur créativité. On peut avoir la chance d’en apercevoir dans son dernier long-métrage Une Sirène à Paris au Flower Burger.
Une poésie touchante qui caractérise parfaitement celle du réalisateur.
Vivre les mêmes histoires que ses personnages
En 2014, le réalisateur Mathias Malzieu sort son premier long-métrage animé Jack et la mécanique du coeur, produit par Luc Besson. Quelques mois plus tard, il fait l’étonnant constant de vivre les mêmes expériences que son personnage fictif, Jack.
Tous les deux tombent amoureux, malades et ont recours à une greffe d’urgence vitale. Jack : le coeur et Mathias : la moelle osseuse par sang de cordon ombilical à cause d’une aplasie médullaire rare. Une coïncidence assez troublante.
Mais ce n’est pas le plus étrange. Mathias écrit également à cette période l’histoire de Tom « Hématome » Cloudman dans l’un de ses livres Métamorphose en bord de ciel. Il y raconte le récit d’un des prétendus plus mauvais cascadeur du monde et qui devient connu parce qu’il rate toutes ses cascades. Son public vient alors le voir tomber pour se distraire. Après une énième fracture, le médecin décèle chez lui une maladie incurable. Tom commence un long séjour hospitalier pour venir à bout de « la Betterave ». Il se retrouvera en chambre stérile et devra stocker ses spermatozoïdes.
Deux ans plus tard, comme son personnage Hématome Cloudman, l’auteur subit le même sort au service hématologie. Mais ce n’est pas tout. Lors de ses séjours à l’hôpital, il reçoit des soins au niveau du coeur comme son personnage principal Jack dans la Mécanique du coeur. Des expériences troublantes que Mathias nous confie à coeur ouvert lors de notre interview vidéo, un peu plus bas.
Quand la réalité dépasse la fiction
Quelques années après, Mathias rencontre sa maman de greffe en Allemagne. Il part alors en vélo électrique depuis le 3ème arrondissement de Paris jusqu’à Düsseldorf pour la retrouver. Un voyage périlleux de 9 jours semé d’embûches dans lequel il brave la pluie et casse son vélo. Il profite alors du premier confinement pour y écrire son journal de bord.
Après son voyage, Mathias décide de donner ce légendaire vélo à une vente aux enchères pour une association qui lève des fonds pour la recherche de moelle osseuse. La personne qui gagne alors ce symbolique deux roues est la maman d’une demoiselle qui avait lu au lycée son livre Métamorphose en bord de ciel et qui n’avait toujours pas trouvé son choix d’orientation.
Le témoignage de Mathias raconte alors que cette élève finit par trouver sa voix grâce à son livre, et 3 ans après elle décroche son diplôme d’infirmière. Et l’histoire est encore plus folle, car aujourd’hui cette demoiselle travaille à l’hôpital Saint Louis, là où le réalisateur a été greffé.
L’art au service de la santé
La réalité dépasse alors la fiction car depuis sa greffe, Mathias raconte qu’il a aujourd’hui une soeur jumelle de sang. C’est-à-dire que lors de sa greffe, ses coordonnées ADN ont complètement changé. Il a aujourd’hui les mêmes que ceux de l’enfant de la donneuse. Ce bébé qu’elle portait est alors devenu une jeune femme de 20 ans qui a décidé de faire des études de médecine.
Mathias est aujourd’hui un artiste de renom mais il fait également l’objet de nombreux sujets de médecine. Il s’investit beaucoup dans le secteur. Il a été reçu sur de nombreux plateaux télévisuels pour en parler comme Le Magazine de la Santé animé par Marina Carrère d’Encausse et Michel Cymes sur France 5.
Lors de notre rencontre, il nous a même confié hors caméra, rendre visite à des patients dans les hôpitaux. Une confidence touchante qui prouve à quel point Mathias a la main sur le coeur.
Découvrez le portrait du réalisateur dans une interview exclusive consacrée à Road to Cinema
Vous y découvrirez des anecdotes exclusives liées au casting d’Une Sirène A Paris ou encore les motivations qui ont poussé l’auteur à écrire le scénario de Jack et la Mécanique du Coeur, liées à son histoire d’amour avec l’artiste Olivia Ruiz…
Dimanche prochain, nous vous donnons rendez-vous à nouveau avec le réalisateur Mathias Malzieu dans une interview consacrée au film « Un Sirène A Paris », sorti en juin 2020 au cinéma.
Portrait de Mathias Malzieu : crédit photo JOEL SAGET / AFP. Shooting photo à Paris, le 25 avril 2019.