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EnzZz : « L’image et le son sont indissociables »

Afin de s’intéresser à tous les métiers de l’audiovisuel, nous voulons partager les témoignages des personnes qui travaillent dans la musique. Les réalisateurs racontent leurs histoires en images ? Eh bien les musiciens racontent les leurs en son. L’un des postes clés d’un projet, le mariage du son et de l’image procure à chaque fois des moments plus riches en émotion.

Cette semaine nous vous présentons un nouvel inconditionnel de la minimal/microhouse, Enzo alias EnzZz.

Artiste électronique de 23 ans, il est né à Courbevoie et a passé son enfance à Montpellier; il est désormais retourné vivre en région parisienne. Enzo a exercé plusieurs métiers dans la musique tel qu’ingénieur son en live et studio.

Aujourd’hui, il se consacre exclusivement à ses projets, la composition de musique à l’image, ses créations musicales et son organisation d’événements Ouvertur.

Comment as-tu découvert la minimal/microhouse ?

J’ai découvert la minimal/ microhouse grâce à mon cousin. Il a 5 ans de plus que moi, et déjà en 2010, il me parlait d’un certain Ricardo Villalobos. À l’époque, j’avais 14 ans et je ne comprenais pas vraiment cette musique. C’est lors de mes premières sorties nocturnes à Paris, à une soirée Katapult, que je me suis pris une claque musicale. C’est à ce moment que je suis tombé dans la marmite et que je m’y suis vraiment intéressé.

Comment définirais-tu ce style ?

Minimaliste, chaque élément musical est à sa place et apporte son grain à l’ensemble du son, sans ajout superflu. Hypnotique, par ses lignes de rythmes et de basses répétitives à l’extrême servant de base au développement de nappes aux mélodies planantes et épurées. Bruitiste par l’apparition imprévisible de glitchs résultants de détournement de son. Selon moi, c’est un style de musique qui a une identité particulière… Toutes ces raisons font que je l’apprécie autant.

Depuis quand fais-tu de la musique ?

Je fais de la musique depuis mes 10 ans.

Quels sentiments éprouves-tu lorsque tu joues ?

À chaque fois que je joue, je prends un immense plaisir à partager ma musique. Je ressens beaucoup de gratitude lorsque le public est réceptif à ce que je joue. Ce sentiment s’intensifie encore plus quand je suis dans mon studio et que je suis pris dans cette espèce de folie créative. Tout devient simple et limpide; il ne reste que toi, ta musique, puis soudainement tu te lèves et danse tellement tu es pris par le son. Ce sentiment-là n’a pas de prix et c’est celui que je recherche inlassablement quand je compose. C’est aussi celui que j’essaie de transmettre lorsque je joue.

Comment as-tu appris à jouer de la musique ?

Dès mes 10 ans, j’ai eu la chance de prendre des cours de guitare et de solfège. J’ai arrêté 3 ans plus tard car je ne ressentais pas un réel intéressement pour cet instrument et je commençais à avoir un réel engouement pour la musique électronique. Mon intérêt pour les DJ et les mix ont pris le dessus.

Vers 14 ans lorsque j’étais au collège, ma prof de musique nous a fait découvrir la musique expérimentale de Pierre Schaeffer et le minimalisme de Steve Reich et Karlheinz Stockhausen et nous a initié à la manipulation et au détournement de son sur Audacity. Ça m’a fait prendre conscience que je voulais faire ça de ma vie. J’ai donc investi dans mon premier Daw et clavier maître.

Quelles sont tes références musicales et tes artistes préférés ?

Je peux m’étendre dans tous les genres musicaux possibles, tant j’aime écouter de tout et découvrir des artistes. Mais si je devais choisir, ça s’étendrait à des personnes comme Steve Reich, Karlheinz, Stockhausen, Philipp Glass, Pierre Schaeffer, François Bayle, Nikolaï Rimsky-Korsakov. Pour ce qui est du monde de la musique électronique récente : Jean Michel Jarre, Brian Eno, Nils Frahm, Ricardo Villalobos, Isolée, Petre Inspirescu, Suciu. En ce moment j’écoute en boucle «what a wonderfull world» de Louis Armstrong et certains albums de Nils Frahm.

Raconte nous ton 1er gig?

J’ai commencé à jouer dans des registres qui n’étaient pas du tout de la minimale ou de la micro. Je jouais un peu de tout sans me focus sur un genre en particulier. Mon premier gig était en mars 2015, au carré Ponthieu à côté des Champs-Élysées; un ami organisait un événement et m’a demandé de venir jouer. À cette soirée, j’ai passé principalement de la deep house, un mix entre ce que j’écoutais à cette période et ce que je pensais qui plairait au public.

Qu’as-tu envie de raconter lorsque tu joues?

J’ai dû mal à mettre des mots sur l’expérience que je veux faire ressentir. Ca dépendra du contexte et du mood dans lequel je suis ou de la réceptivité du public. J’aime développer des longs sets pour prendre le temps de plonger le public dans une ambiance. Je veux faire ressentir un moment dans lequel la notion du temps échappe, comme si tout le monde se perdait dans l’instant, ou plutôt comme s’ils se retrouvaient à 100% dans cet instant en pensant uniquement à l’expérience qu’ils sont en train de vivre.

Quelle a été ta meilleure expérience en tant que DJ ?

Je dirais que ma meilleure expérience a été de jouer à Brasov et Bucarest en Roumanie avec mes deux acolytes de l’époque. Rien que d’apprendre qu’on allait partir jouer dans un autre pays ça nous a mis le smile pour les deux semaines suivantes ! La cerise sur la gâteau, c’était surtout de jouer en Roumanie. Nous avons fait 3 dates en une semaine, nous avons eu l’occasion de partager une line up avec Suciu, un artiste que j’admire énormément pour son talent. Cette expérience m’a appris que je devais redoubler d’effort pour m’améliorer perpétuellement, car lors de mon voyage, je me suis toujours fait la même remarque :

Ces mecs sont 10 niveaux au-dessus de tout ce que je connais ailleurs

EnzZz

Après avoir joué dans plusieurs pays, que retrouves-tu à chaque fois ? Quelles sont les différences majeures ?

Tous les endroits et personnes sont différents. Chaque public a ses habitudes et une définition de la musique qu’il aime entendre, c’est cela qui fait sa beauté… c’est imprévisible. Je considère que mon rôle est d’arriver à concilier leurs attentes avec la découverte d’autres facettes de cette musique. L’expérience que certains organisateurs proposent est cependant largement au-dessus en terme de respect de l’artiste, d’organisation et de déroulement général d’un événement.

Peux-tu nous parler de ton projet Ouvertur ?

Ouvertur est un projet que j’ai commencé en 2018. J’ai eu l’occasion d’organiser un premier événement; il s’est tellement bien passé que je me suis pris au jeu et ai donc décidé de continuer. Le concept est né de ma passion pour la musique, pour l’art et grâce à mon réseaux d’artistes en France. Je voulais réunir à la fois des expositions artistiques et la scène de musique électronique afin de mettre en avant une multitude d’artistes émergents et en devenir. J’ai aussi toujours aimé organiser des choses pour les autres et particulièrement des soirées (que je faisais déjà chez moi dès le lycée lorsque mes parents avaient le dos tourné); ça m’a permis d’être confronté à d’autres problèmes et d’y trouver des solutions. Je voulais sortir de ma zone de confort et ainsi m’ « ouvrir » à d’autres possibilités.

L’objectif d’Ouvertur est de créer un rendez-vous multiculturel pour la saison estivale. Nous sommes encore au stade d’embryon, avec des évènements rassemblant entre 250 et 350 personnes. Pour ce projet, je ne me prends pas trop la tête et verrai bien où cela me mènera !

@ouverturevent

Que penses-tu du lien entre la musique et l’image/visuel ? Est-ce important dans ton domaine d’illustrer tes sets ?

Je pense que l’un et l’autre sont indissociables et le rassemblement des deux participent grandement à l’immersion au sein d’une expérience. Il est important que le son porte l’image, et inversement. Je n’ai malheureusement pas encore eu l’occasion de me pencher sur l’illustration de mes sets, ne pouvant pas tout faire moi-même par manque de temps. Je suis toujours en recherche d’un VJ qui collerait à l’esthétique que je veux développer pour mon univers.

Quelle est l’importance des réseaux sociaux dans ton domaine ?

Ils sont super importants, même si je suis très mauvais dans leur utilisation. Cela me dessert grandement. Aujourd’hui il n’est malheureusement plus suffisant de savoir bien pratiquer son art. En tant qu’artistes émergents, nous devons créer et montrer une histoire autour de notre art pour se différencier de la multitude d’artistes qui grandit toujours plus rapidement. J’aime à penser que si tu es bon, tu finiras par percer seulement grâce à ton art, mais pour le moment la réalité m’a démontré que ça ne suffisait pas.

Penses-tu qu’un clip sur de la minimal/microhouse, d’une durée de plus de 10 minutes pourrait intéresser les adeptes de ce style de musique ?

Étant un adepte des projets multimédias en tout genre je ne peux que dire oui ! Ca se fait dans beaucoup d’autres styles. La seule différence, c’est de le faire correctement pour que cela corresponde bien à l’univers de ce genre de musique. Pour ma part, un clip qui habillerait ce style de musique, se doit de respecter une dimension minimale et contemplative.

Quels sont tes projets pour 2020 ?

Après un long voyage, j’ai décidé de relancer Ouvertur. Le premier event arrive bientôt. Je travaille toujours d’arrache-pied pour améliorer mon son et ai décidé d’officier sous un nouvel alias que je ne dévoilerai pas pour le moment. Je pense être arrivé au bout du projet EnzZz et je ressens le besoin de créer une nouvelle identité plus en accord avec la personne que je suis devenu et avec la musique que je fais actuellement. Je travaille aussi sur quelques projets de musique et sound design à l’image et tente de reprendre mes études là où je les ai laissé avant mon voyage.

enzzz
ouvertur

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