Afin de s’intéresser à tous les métiers de l’audiovisuel, nous voulons partager les témoignages des personnes qui travaillent dans la musique. Les réalisateurs racontent leurs histoires en images ? Eh bien les musiciens racontent les leurs en son. L’un des postes clés d’un projet, le mariage du son et de l’image procure à chaque fois des moments plus riches en émotion.
Cette semaine, nous vous présentons l’artiste Alex Xela, 36 ans, originaire de Paris qui vit actuellement à Bordeaux depuis 2 ans maintenant. Chargé d’études dans le domaine du génie climatique, il est également DJ et organisateur d’événements au sein des collectifs E-KLOZIN’ et anciennement Point Breakers. Adepte de la culture éléctro depuis plus de 15 ans au sein de la capitale et ses alentours, il nous partage son expérience et ses anecdotes du monde de la nuit.
Comment as-tu découvert la deep/techno/micro/house ?
Mon apprentissage a commencé à l’âge de 17 ans grâce à mon oncle qui à l’époque avait chez lui deux platines vinyles MK2. C’est avec lui que j’ai commencé mes tous premiers clubs (287, l’enfer, Red Light, les afters Terrassa ou Follow me pour ne citer qu’eux). L’émergence de la French Touch fin des années 90, les allers/retours chez les disquaires tels que Club News et TECHNO IMPORT sont venus compléter mon apprentissage en me permettant d’appréhender et de découvrir une palette un peu plus large de cette « culture électro ».
La micro est venue un peu plus tard même si j’étais déjà très branché minimale à l’époque. Petite révélation lors du Weather Festival à Vincennes au petit matin avec le closing d’RPR pour définitivement me faire basculer en Roumanie. Clairement une boucherie !
Comment définirais-tu ce style ?
Tout dépend du style dont on parle. Pour ce qui est de la micro, pour moi ce n’est qu’une évolution de la minimale de l’époque, soutenue par l’évolution des outils mis à disposition, notamment en matière de prod. Beaucoup moins violente que de la techno, elle possède pour moi des sonorités relativement épurées tout en conservant un caractère assez sombre et underground. Plus pointilleux et plus élégant, c’est typiquement le son que j’aime jouer et écouter en after ou dans un cadre bien particulier.
Quels sentiments éprouves-tu lorsque tu joues ?
Je suis légèrement stressé avant de commencer, bien qu’avec le temps et l’expérience je le deviens de moins en moins. Tout dépend du contexte bien évidemment et avec qui je partage le plateau.
Puis lorsque je suis lancé, vient une immense sensation de liberté et de plaisir. Surtout lorsque le public est réceptif. Le plaisir de retranscrire aux platines sa sensibilité musicale et artistique est magique !
Comment as-tu appris à jouer de la musique ?
Pour commencer, j’ai appris au coté de mon oncle sur platines vinyles dans son mini studio, puis via mes acolytes de teufs et de galères (Audiokast, Noya et Alan Aaron) avec qui j’ai fait les 400 coups.
Quelles sont tes références musicales ?
Oula j’en ai beaucoup !
J’ai été bercé toute ma jeunesse par les Queens, Janis Joplin, Simon & Garfunkel et Francis Cabrel.
Puis j’ai vite dériver avec l’âge d’or du rap français (IAM, Fonky Family, Oxmo, Arsnenik), du Hip-Hop forcément (A Tribe called Quest, Pete Rock, J Dilla, NAS, Notorious, Gangstarr, Roots Manuva) et me suis par la suite pris de passion par l’évolution des genres d’après-guerre. Ca va de la soul, en passant par le jazz, la nu soul (Jill Scott, Erikah Badu), la funk… Je suis assez éclectique en fait.
Quels sont tes artistes préférés ?
Liste non exhaustive :
Peux-tu nous parler de tes collectifs E-KLOZIN’ et Point Breaker ?
E-KLOZIN’
Né en 2009, c’est un collectif nomade et pluridisciplinaire axé musique électronique, arts et sports de glisse. On propose des événements à taille humaine dans des lieux insolites (studio photo, skate park, friches industrielles, galeries d’art, pistes de ski, open air, etc), principalement basés en région parisienne.
C’est la matérialisation de passions communes partagées par une bande de potes et de passionnés. On s’efforce de prôner l’éclectisme dans nos line up; autre point très important, on essaye de véhiculer un état d’esprit fédérateur, festif et bienveillant.
Depuis nos débuts, on a fait plusieurs collabs sur certains events avec notamment Alter Paname, Soukmachines, PME, Débrouï-art, la Mamie’s, OTTO10, les copains Dirtytrax, Skydome et Panchama.
POINT BREAKERS
Créé en 2008, Point Breakers, c’est avant tout une bande de potes : DJs et organisateurs de soirées.
Collectif plus axé club et warehouse principalement sur Paris et Berlin (Golden Gate).
Ces 3 dernières années, le collectif s’est orienté vers des line up à dominante techno et minimale avec des pointures internationales comme Norman Nodge (BERGHAIN), I Hate Models, YYYY, Answer Code Resquest, Matrixmann, Freddy K, Klaudia Gaulas, le tout accompagné de talents locaux et membres de la Team.
Depuis sa création, le collectif s’est produit dans de nombreux spots comme le Rex Club, Garage, Golden Gate (Berlin), Folies Pigalle, Nouveau Casino, Seguin Club mais aussi dans des évènements hors des sentiers battus.
Raconte nous ton 1er gig et ton meilleur souvenir sur scène ?
Mon « vrai » premier gig, s’est passé sur la péniche du Batofar en plein été sur la terrasse. Il faisait beau les gens étaient happy ! J’avais pris beaucoup de plaisir et tous mes potes étaient là pour me/nous soutenir. Pour une première, c’était bien cool !
Mon meilleur souvenir… Compliqué d’en choisir un comme ça, mais là tout de suite j’en ai 2 qui me viennent à l’esprit. Le premier, c’est sans doute mon B2B avec mon acolyte Charlie Oohlala, lors de la Magnetic à Saint-Denis il y a 3 ans, dans les anciens studios d’enregistrement d’AB Production. Le spot était dingue, les gens étaient beaux, l’ambiance était électrique. Un de mes plus beaux set je pense.
Le deuxième, c’est la fête de la musique sur le canal Saint Martin via E-KLOZIN’. Chaque année, les gens répondent présent. C’est toujours un honneur et un plaisir d’y jouer pour cette occasion. On fait ça depuis 10 ou 11 ans maintenant, et chaque année c’est LE rendez-vous que je ne manquerais pour rien au monde !
Qu’as-tu envie de raconter lorsque tu joues?
Lorsque je joue, le but principal est de donner du plaisir aux gens, transmettre ma sensibilité musicale, les faire voyager, les transporter et les emmener dans mon univers. C’est aussi préserver le groove qui me caractérise lors de mes sets, tout en apportant une touche minimale et underground.
Que penses-tu du lien entre la musique et l’image/visuel ? Est-ce important dans ton domaine d’illustrer tes sets/soirées ?
Très important oui ! Encore une fois, tout dépend du format (jour/nuit), des lieux et des moyens mis en place à notre disposition. Parfois, l’utilisation de projection vidéo ou de mapping n’est pas forcément possible ou peu adaptable. Pour moi, le recours à l’image est devenu quasi essentiel afin de proposer une alternative à ce qui se fait aujourd’hui. Même si elle s’est légèrement démocratisée, on ne s’en sert que trop peu je trouve, principalement par manque de budget. C’est aussi un bon moyen de connecter le public, d’y faire passer une énergie et un message.
Quelle est l’importance des réseaux sociaux dans ton domaine ?
Essentielle je dirais ! Sans pour autant ne parler que de Facebook, les réseaux sociaux font partie intégrante du milieu de la nuit. En terme de communication et d’impact, on ne peut pas passer outre si on veut donner de la visibilité à son projet. Tous ceux qui œuvrent pour le développement des arts quels qu’ils soient, y ont recours à un moment.
Que penses-tu des lives diffusés sur les réseaux sociaux ?
Ça se développe de plus en plus. Surtout en ce moment, dû au confinement. On ne voit que ça sur la toile ! Je me suis moi-même prêté au jeu sur ma terrasse en total impro, histoire de divertir les gens en cette période un peu compliquée. C’est une bonne alternative pour ceux qui veulent avoir de la visibilité sur les réseaux. Aujourd’hui avec les nouvelles technologies, on peut facilement en réaliser de bonne qualité et à moindre coût. Pas mal de petits collectifs bien organisés en proposent de plus en plus, et en font leur un axe principal de communication. Il y en a pas mal, je pense notamment à Bruit Rose du coté de Bordeaux, qui en poste régulièrement. J’aime beaucoup.
Penses-tu qu’un clip sur de la minimal/microhouse, d’une durée de plus de 10 minutes pourrait intéresser les adeptes de ce style de musique ?
Selon sa conception et le message que le clip souhaite véhiculer, oui ça peut être très intéressant. Tout dépend de la cible que l’on souhaite toucher, sous quelle approche et quel support.
10 minutes aujourd’hui, c’est plus ou moins long pour capter l’attention du public jusqu’au bout.
Quels sont tes projets pour 2020 ?
Pour le moment et au vu du confinement difficile d’avoir une visu sur les mois qui viennent.
Il y a le rendez-vous annuel E-KLOZIN’ sur le canal Saint Martin comme chaque année pour la fête de la musique, et quelques beaux projets de prévus pour cet été. En espérant qu’on puisse mettre le nez dehors d’ici-là… Restez à l’affut, on vous tiendra informé dans tous les cas.