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« Riddle of Fire » ou quand la créativité métamorphose le morne quotidien en odyssée magique

Au cœur de la Quinzaine des Cinéastes du Festival de Cannes, se niche un bijou cinématographique d’une inventivité déconcertante : nous avons découvert Ridlle of Fire

Une embarcation pour l’univers fantaisiste de l’enfance, où l’imagination règne en maître et où chaque banalité est la première marche vers une aventure rocambolesque…

Une réalisation servie par une direction de la photographie sensorielle qui rend le tout haptique : on a envie de chevaucher sur le dos de ces vieilles mobylettes, de croquer dans les myrtilles et de mettre les mains dans la pâte à tarte. La lumière légèrement nébuleuse a le goût du bois et le souvenir de l’enfance. La mise en scène foisonnante se fait le relais d’une atmosphère authentique, où le homemade répond à l’odeur de la colline.

Riddle of Fire est un film qui pioche. Il se revêt des attraits du film de gangsters, de western ou de conte de fées, jamais trop habillé dans un style pour qu’il puisse lui appartenir. Non, Riddle of Fire est un film qui ne plie pas sous le coup des étiquettes, c’est une fantaisie à la fois dramatique et exubérante, c’est un ovni, c’est une pépite.

C’est comme un film de gangsters

Cheveux au vent sur leurs bécanes, regards déterminés plongés dans l’horizon d’une ligne droite, les enfants auraient pu dégainer une armada de fusils depuis le coffre d’une voiture à la prochaine escale, que nous n’aurions pas été surprises. 

On n’en est pas loin, mais ils sont bien plus inventifs : ready pour l’assaut, ils se lancent, pistolets homemade en bandoulières, dans le kidnapping de leur console de jeu séquestrée dans un centre de colis. 

La scène évoque immanquablement Les Goonies (1985) de Richard Donner, avec son braquage enfantin. Une apparente parenté, mais loin de la redite. L’insolence savoureuse de ces enfants intrépides, comme es marqueurs fantastiques ont tout d’original.

Comme un western

Une ville sans nom du Wyoming, de vastes étendues sauvages, une bande de hors-la-loi, grand gaillard à l’allure de cow-boy, et des échanges de tirs sur la colline, comment appeler cela autrement que western ? Oui, mais seulement voilà, notre clan habile de la gâchette, ils ne montent pas des chevaux, mais des mobylettes. Le saloon se transforme en boite de nuit clandestine, notre héros solitaire est une fée aux pouvoirs magiques, et on ne cherche ni vengeance ni fortune, juste un oeuf. Un très joli oeuf tacheté, OK, mais un oeuf quand même.

Comme un conte de fées

Si Indiana Jones avait été une fée de 10 ans, elle aurait sûrement intégré cette clique de 3 ou 4 mousquetaires que forment Alice, Hazel, Jodie et Petal. Weston Razooli convoque des marqueurs forts du conte de fées. Des enfants-explorateurs nichés sur une maison perdue en pleine nature se mettent au service d’une reine. Sur leur parcours, ils rencontrent sorcière, cow-boy, druide et autres mysticités. Entre la peur et l’audace, le schéma narratif de la quête nous sert son habitude objet Graal et ses déviations d’objectifs. 

Dans un monde pas si rose

Méfiez-vous pour autant ! S’il a le goût de notre enfance, c’est parce qu’il est doux autant qu’il pique ! Il reste le bonbon acidulé le plus fantaisiste et original de notre aventure cannoise. 

Ah bon, pourquoi ? 

Eh bien, car, c’est un film, comme on l’a dit, qui ne connait de moule, que celui utile à la réalisation de la tant convoitée Blueburry Pie, objectif transitif de la quête dans le film.

Parce qu’au-delà de son aspect divertissant, Riddle of Fire nous offre une réflexion subtile sur la puissance de l’imagination et de l’art pour transformer notre réalité.

En effet, si on s’éclate au visionnage, entre transport féerique et humour décalé, la deuxième lecture est plus sombre. C’est là que la grâce opère et que le film, en plus de proposer une aventure à l’esthétique foisonnante, devient beaucoup plus discursif. L’insouciance intrépide des enfants est en réalité une distorsion volontaire d’une réalité bien plus cruelle.

La familiarité se mêle à l’étrange, la prison à la cour de récré. De l’odyssée divertissante à la peinture d’une réalité sociale plus sombre, pour Weston Razooli, il n’y a qu’un pas. Dans un monde où les adultes ne sont pas toujours à la hauteur de leur rôle de protecteurs bienveillants, où les cadeaux n’existent qu’en contrepartie, un groupe d’enfants hardis prend la mobylette par le volant et se frotte à l’univers des adultes sans peur. Dans ce jeu constant de décalage, où l’enthousiasme de la cour de récré côtoie la réalité cruelle de la prison ou de la violence, les enfants prétendent être des adultes, une mère prétend aller bien, un cow-boy prétend ne pas être sous l’emprise d’une sorcière contrebandière. Les jeux d’apparences créent l’humour en même temps qu’ils pointent du doigt une déchirure sur la toile du conte de fées.

Pas dramatique pour un sou, nostalgique au pire, Riddle of Fire nous confie même quelques tips pour voir la vie en rose :

Dans un monde où la désaffection et la routine peuvent rendre la vie sombre et monotone, certains individus possèdent un don rare…un don qui nous vient des flaques d’eau, des bâtonnets en bois, des fourmis et de tout ce qui rebondit. Bref, de notre enfance : celui de donner à chaque moment l’opportunité de nous émerveiller.

Le groupe des petits mousquetaires embrasse chaque difficulté comme une étape valorisante dans une nouvelle aventure, le terne devient fabuleux ! 

Voilà un indice précieux sur l’art d’être heureux. Le film, sans tomber dans l’autosatisfaction naïve et narcissique, nous encourage à ne pas oublier que l’art et toute forme d’imagination rendent la vie plus attrayante.Bref, vous aussi, servez-vous de votre art et de votre imagination pour faire de votre vie une épopée quotidienne !

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