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Alan Aaron : « Chaque session est l’occasion de raconter une nouvelle histoire musicale »

Afin de s’intéresser à tous les métiers de l’audiovisuel, nous voulons partager les témoignages des personnes qui travaillent dans la musique. Les réalisateurs racontent leurs histoires en images ? Eh bien les musiciens racontent les leurs en son. L’un des postes clés d’un projet, le mariage du son et de l’image procure à chaque fois des moments plus riches en émotion.

Cette semaine, notre équipe est allée à la rencontre de l’artiste Alan Aaron, 38 ans, originaire du Rove (village proche de Marseille) qui vit à Paris depuis 2006.

Au sein de E-KLOZIN’ et Point Breakers, il exerce plusieurs métiers tels que : directeur artistique, DJ, producteur, photographe ou encore organisateur d’évènements.

Grand adepte de tous les styles de musiques électroniques, il nous partage son expérience professionnelle.

Depuis quand es-tu DJ et comment as-tu commencé ?

J’ai commencé à faire de «l’assemblage musical» à 16 ans, âge à partir duquel j’ai pu réaliser mes premières mixtapes avec des cassettes et deux lecteurs CD . Le DJing dans le sens où je le pratique actuellement, ce fut à partir de 2000.

Peux-tu nous décrire ton style de musique ?

Je suis éclectique dans mes sélections car je n’arrive pas à me contenter d’un seul style, que ce soit en warm up, peak time ou en after. Lorsque je mixe, j’essaye d’apporter différentes nuances pour ne pas faire de set « autoroute » plats et sans personnalité.

Mes styles de predilection sont : Electronica, Down Tempo,  Deep House, Old Schoold House, Tech House, Nu Disco, Deep Minimal,  Minimal, Deep Techno, Techno, Acid, Techno Indus, etc.

Quels sont tes artistes préférés ?

La liste est vraiment très longue, du coup je vais citer ceux qui m’ont influencé depuis mes débuts : Oliver Huntemann, Jennifer Cardini, Stephan Bodzin, Miss Kittin, Laurent Garnier, Ada, Anthony Rother, Chloé, Electric Rescue, Danton Eeprom, Ivan Smagghe.

Cependant, je tiens aussi  à mentionner des artistes plus récents qui chacun dans leurs styles m’inspirent par leur musicalité et/ou leur technicité, que ce soit en DJ set ou en production : Hemka, Yuki, Chocky, Caillou, Tacky, Nicolaon, Adelaïde, Alex Xela, Mariøn, S3A.

Peux-tu nous parler de ton autre passion, la photo ?

La photographie, est venue un peu par hasard sur le tard. Pour résumer, en arrivant à Paris, j’ai pas mal écumé les dancefloors et j’avais pour habitude de partir en soirée avec mon appareil compact dans la poche afin de capturer l’énergie de la soirée, de photographier les DJs, d’immortaliser des situations insolites ou tout simplement faire des photos souvenirs avec mes ami(e)s, des instants très forts en émotion.

Puis peu à peu, j’ai eu des retours très positifs sur ce que je produisais, du coup en 2015 j’ai franchi le pas avec l’acquisition d’un appareil hybride (Olympus OMD E-M5 Mark II), qui correspondait parfaitement à mes besoins; un appareil léger, petit, stabilisation 5 axes et surtout tropicalisé (étanche à la poussière et aux éclaboussures).

À ce jour, j’ai réalisé deux séries : « PORTRAIT » et « DJs »; d’autres sont en cours d’élaboration.

Quelle a été ta première expérience professionnelle dans le domaine de la musique et de la photo ?

Sur le plan musical, c’était en 2008 avec les amis Noya et Audiokast de Point Breakers, dans les anciens locaux de TECHNOPOL. On clôturait l’opération DON’T KILL THE VINYL, il s’agissait d’une série de showcases qui présentait tous les jeudi des DJs et un disquaire parisien. Une belle initiative à l’époque pour lutter contre la chute du marché du disque et la fermeture de vinyle shops, chose qui  n’est plus d’actualité aujourd’hui.

Pour la petite histoire j’y ai fait la connaissance de Romain Play (Camion Bazar) et Sir Gui co-fondateur du Café Mancuso  à Bordeaux; une super expérience qui fut le point de départ d’une longue série d’événements avec mes deux collectifs.

Concernant la photographie, c’était lors du Marathon Electronique au 6B en 2016. Une fête dantesque avec quelques pointures comme Electric Rescue, Lowris, Mondkopf. On y découvrait aussi la sulfureuse Team des Pardonnez-nous et les valeurs sûres DJ Mamz’hell et Rohan1000.

L’album photo retranscrit parfaitement les good vibes, la folie et l’énergie de cet événement. Un grand MERCI à la Team du Marathon Electronique pour leur confiance !

Peux-tu nous décrire tes métiers de DJ, photographe et directeur au sein du collectif E-KLOZIN’ ?

Il s’agit plus de rôles au sein du collectif E-KLOZIN’, car j’ai un travail à temps plein en tant qu’ingénieur qualité, cependant que ce soit le DJing, la photographie ou la direction artistique de nos événements, je fais cela de manière professionnelle avec un certain niveau d’exigence.

DJ

Chaque session est l’occasion de raconter une nouvelle histoire musicale, de créer de nouveaux liens avec un public qui te découvre, et de surprendre ceux qui te connaissent déjà. Chaque set est avant tout un plaisir et un moment de partage. J’éprouve toujours une grande reconnaissance envers le public; comme je le dis souvent en tant que DJ :

Sans public, on n’est rien !

Alan Aaron

En terme de préparation avant une date, chacun fonctionne comme il l’entend, il n’y a pas de règle; en ce qui concerne, disons qu’il y a avant tout un travail de préparation en amont. Plusieurs facteurs déterminent la nature de ma sélection musicale :

  • L’univers musical du collectif/ club qui m’invite, je vais voir les vidéos de leurs événements passés, histoire d’être cohérent artistiquement
  • L’heure à laquelle je joue, car un warm up ou un closing ne s’aborde par de la même manière
  • Les vieux tracks que j’ai envie de faire re-découvrir
  • La présence de certain(e)s ami(e)s de longue date car j’aime bien placer des «tracks dédicace» dans mes sets
  • Mon humeur musicale du moment

C’est avec toutes ces données que j’élabore ma tracklist, puis une fois sur scène c’est surtout l’échange avec le public qui va déterminer l’ordre de passage des tracks.

Photographe :

Actuellement, je pratique principalement de photographie événementielle car j’affectionne beaucoup le fait de capturer une émotion ou un artéfact lumineux sur le vif. Là aussi, il y a un minimum de préparation à la fois technique et artistique. Cela implique le fait de se renseigner sur ce qu’attend l’organisateur de l’événement, de faire du repérage pour avoir les meilleurs angles de vue, de choisir ses objectifs en fonction de la luminosité disponible pendant l’événement, de savoir naviguer discrètement au sein de la foule pour ne pas fausser le côté authentique d’un cliché, et pour finir savoir anticiper LE moment à capturer. Tout comme dans mes DJ sets, j’essaye de garder une certaine narration dans mes albums photo.

Direction Artistique :

C’est la fonction la plus complexe car dans son exécution, elle implique plusieurs entités (personnes, entreprises, institutions) donc il faut pas mal de coordination, de communication et de rigueur. J’aborde chaque événement comme une nouvelle opportunité de surprendre le public musicalement et visuellement car les lieux qu’on sélectionne sont souvent inédits.

Peux-tu nous présenter tes collectifs E-Klozin’ et Point Breakers ?

E-KLOZIN’ :

E-KLOZIN’ est une marque et aussi un collectif artistique ayant pour objectif de promouvoir la musique électronique, les arts et les sports de glisse au travers d’événements pluridisciplinaires.

Le collectif est composé de « SUPPORTERS » : DJs, Compositeurs, Acteur, Stylistes, Performers, Designers, Photographes, Inline Street Skaters, graffeurs, snowboarders, Wakeboarders, Skieurs Freestyle et web designers. Plus de 25 artistes et athlètes répartis en la France, l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Asie. Depuis 10 ans nous organisons des événements à taille humaine où se mêlent les 3 influences du collectif. Chaque événement est conçu comme une expérience dont le but est de créer des connections artistiques et humaines, le tout en mettant en lumière de jeunes talents et en axant la programmation sur l’aspect créatif, participatif et festif. Nous y invitons à chaque fois des artistes coup de coeur ou des collectifs qui sont en ligne avec nos valeurs de respect et de partage.

Les lieux que nous choisissons sont très éclectiques et souvent inédits afin de surprendre le public à chaque événement : skatepark, galerie d’art, loft, ancienne usine, théâtre, studio photo, résidence artistique, friche industrielle, parcs, restaurants, pistes de ski, etc.

Nous collaborons aussi avec d’autres collectifs de la région parisienne : Soukmachines, Alterpaname, Point Breakers, La Dynamiterie, Otto10, Panchama, Skydome, Dirty Trax, etc.

Membres du collectif :

Alan Aaron, Alex Nsta [ Montreal ], Alex Xela, Anaïs, AudioKast, Ascch [Montpellier], Dominus, Cincity [Rotterdam], Groov’Shakra, Mikey Covi, Nicolaon, Nico Smy, Otto Bahn, South Funk [ Thaïland ], The Gambler – L!VE [ Avignon ], Tasmo – L!VE, Trashel [ Bordeaux ], X PONK, Yuki [ Montpellier ], Paulette & Annette, Morgane The Leopard Leg, Vinye [Fire Performer], Denis Gul [Inline Street Skater], Etienne Guerra [ Ski Freestyle / Stuntman ], Roman Styczen [Snowboard/ Wakeboard],  Taylor Latouche [Wakeboard ]

Point Breakers :

Créé en 2008 par Audiokast et Kineto, Point Breakers est un collectif de DJs et organisateur de soirées à taille humaine et chaleureuses ayant vocation à faire découvrir au plus grand nombre une musique électronique aux inspirations plurielles : house , deep house New Yorkaise, Detroit techno, funk, soul et jazz. Ces 3 dernières années, le collectif s’est orienté vers des line up à dominante Techno et Minimal avec de pointures internationales comme Norman Nodge (résident du Berghain), I Hate Models, YYYY, Lucy, Roman Poncet, Answer Code Resquest, Matrixmann, Freddy K, Klaudia Gaulas, le tout accompagné de talents locaux et membres de la Team. Depuis sa création, le collectif s’est produit dans de nombreux spots comme le Rex Club, Garage, Golden Gate (Berlin), Folies Pigalle, Nouveau Casino, Seguin Club mais aussi dans des évènements hors des sentiers battus.

Membres du collectif :

Quelles sont les difficultés que tu rencontres dans ta vie professionnelle ?

Dans la partie organisation d’événements, la principale difficulté réside dans le fait de convaincre les propriétaires ou certaines institutions qu’un événement électronique peut se dérouler sans encombre. Festoyer de manière responsable fait partie intégrante de notre vision des choses, c’est valable pour les organisateurs, les artistes et le public; chacun à son niveau, a une responsabilité envers l’autre. Pour que la fête soit belle, respect, ouverture d’esprit, dialogue, civisme et bienveillance sont les bons ingrédients.

Que penses-tu du lien entre la musique et l’image/visuel ? Est-ce important dans ton domaine pour tes soirées ?

Il s’agit d’un lien fort. L’un permet d’enrichir l’autre, ce qui permet d’accentuer le côté immersif de toute expérience événementielle. Lorsque nous avons la possibilité d’intégrer du visuel à nos événements, que ce soit sur le plan scénographique, projection vidéo ou même Dress Code, on n’hésite pas à le faire car c’est une réelle valeur ajoutée.

À qui fais-tu appel pour réaliser tes visuels ?

Concernant les flyers, je les réalise moi-même. Pour les projections vidéo ou mapping, j’ai déjà fait appel à plusieurs artistes : Etienne de la team HeavyM, Peter & Steven, Diane d’Esposito, K-Net.

Est-ce indispensable de réaliser des aftermovies de tes soirées ?

En ce qui me concerne, je pense que c’est indispensable à partir du moment où l’événement  propose quelque chose de singulier à montrer ou à raconter. Après il faut avoir conscience que les aftermovies représentent un certain budget, donc en fonction des configurations on opte pour un report photo.

Pour illustrer mes propos, ci-dessous la vidéo de nos débuts à la Gare aux Gorilles, il y a avait une énergie vraiment particulière en ce jour de juillet 2010, elle ne pouvait pas être mieux retranscrite que par cet aftermovie.

E-KLOZIN’ Underground Session @ La gare aux Gorilles

Selon toi, quels sont le but de ces vidéos ?

Tout comme les photos, le but des aftermovies est multiple, il y a l’aspect souvenir pour le public, ainsi que les dimensions promotionnelles, de communications pour les organisateurs et/ou les artistes.

Quel est ton ressenti sur les lives diffusés sur les réseaux sociaux ?

Comme tout nouvel outil de communication il y a du bon et des choses à améliorer. Mais c’est surtout à chacun d’en faire une bonne utilisation.

Pour le positif :

  • C’est une bonne option pour les personnes ne pouvant se rendre à un événement
  • Cela permet d’apprécier la technique d’un artiste avant de potentiellement le booker
  • Nouvelle niche de clients pour les vidéastes et monteurs
  • Nouvel outil promotionnel pour les organisateurs et artistes

Les points d’amélioration :

  • Éviter de faire des livestream trop long avec un plan fixe mono camera.

Quels sont les ingrédients pour avoir une bonne communication dans la musique ?

Si tu organises un festival, il y en a plusieurs leviers à combiner de manière efficace et planifiée. Disons qu’il y a un budget conséquent à prévoir pour des graphistes/motion designers innovants, des vidéastes de folie et des community managers aux taquets !
Si on se place d’un point de vue DJ/ Producteur, il ne faut pas hésiter à démarcher, en particulier quand on n’a pas la chance d’être dans une agence de booking. Puis, si ce que tu produis est de bonne qualité (technique et artistique), certes cela prendra plus de temps, mais tôt ou tard tu pourras sortir du lot.

Patience et détermination sont de rigueur !

Alan Aaron

Quelle est l’importance des réseaux sociaux dans ton domaine ?

A notre niveau, c’est un plus non négligeable car cela permet de toucher un public plus large. Après compte tenue de la taille humaine de nos événements (100 à 300 personnes), c’est surtout le bouche à oreille qui fonctionne le mieux, combiné à une communication ciblée dans les webzines spécialisés. J’en profite pour remercier nos partenaires de longue date :

Peux-tu nous parler des artistes que tu invites lors de tes soirées ?

Les artistes que nous invitons sur nos événements ont tous un point commun, ils possèdent une qualité artistique singulière génératrice d’émotion. Dit comme cela, cela semble vague, mais disons que les artistes qu’on engage sont souvent des coups de cœur entendus sur Soundcloud, des personnes que nous avons vu sur d’autres événements franciliens et parfois sur recommandation d’ ami(e)s  DJs ou organisateurs.
Cependant, on fonctionne aussi via candidatures car dans 95 % de nos événements, nous proposons des Open Mix pour justement donner une chance à des artistes qui débutent de se produire. Grâce à cela, nous avons pu déceler le potentiel de certains.

Penses-tu qu’un clip sur de la deephouse ou techno, d’une certaine durée, pourrait intéresser les adeptes de ce style de musique ?

Oui, bien évidemment, car comme expliqué plus haut, l’image et la musique s’enrichissent mutuellement. Pour que l’alchimie opère, il faut un travail de préparation entre le compositeur et le réalisateur du clip. Beaucoup d’échanges sont nécessaires pour optimiser le process de création et s’accorder sur la narration du clip.

Quels sont tes projets pour 2020 ?

Pour 2020, la première des bonnes nouvelles a été le renouvellement de notre partenariat avec Denon DJ via Algam Webstore, on est super contents et reconnaissants pour leur  soutient; cela fait toujours plaisir de savoir que ce que l’on produit est apprécié et reconnu comme étant qualitatif (article ici).
Deuxième point, il y a la poursuite de notre nouveau projet S P O T L I G H T où  à chaque session on met en lumière un artiste visuel et un artiste/collectif musical lors d’une performance dans des lieux insolites. La vidéo du premier épisode est sortie il y a peu, elle se déroule sur le toit d’une usine avec HeavyM (Video Mapping) et Yuki (DJ/Producer), c’était épique !

E-KLOZIN’ Spotlight – EP01 – HeavyM & Yuki

Bien sûr comme chaque année depuis 10 ans, il y aura notre fête de la musique au bord du canal Saint Martin, et pour finir probablement quelques collaborations surprises, donc restez à l’affut !

ALAN AARON
E-KLOZN’
S P O T L I G H T
Point Breakers

Merci à toute la Team de Road to Cinema pour l’Interview, ce fut un réel plaisir d’échanger.

Alan Aaron
Photos de couverture Julie Montel

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